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la repression par lacrymogènes

Alexander Samuel a réalisé une enquête scientifique sur les gaz utilisés dans les manifestations et dénoncé leur nocivité.

Avec ce qui s’est passé sur le mouvement des Gilets Jaunes, tu as essayé de faire des recherches, entre autres, sur les gaz lacrymogènes. Est-ce que tu peux nous parler un peu du résultat de tes recherches ?

Je ne suis plus chercheur officiellement puisque je suis enseignant. J’ai un doctorat en biologie et j’ai bossé au CNRS. J’ai arrêté la recherche pour avoir un peu plus de libertés. Je trouvais que la recherche du financement, être à la botte des entreprises, cela ne donnait une liberté intellectuelle suffisante. Je n’étais pas satisfait du système et j’aime bien enseigner. En parallèle, tout ce que je fais comme recherches, je le fais bénévolement, par curiosité scientifique et sans limite.

Je n’ai pas fait que de la recherche. J’ai fait un gros boulot de revue scientifique : j’ai lu beaucoup de papiers, avec une bibliographie de 500 œuvres ! J’ai regardé tout ce qui se disait sur ces gaz lacrymos. Au début, je pensais que c’était une fake news l’histoire du cyanure mais en fait, c’est un truc qui est très étudié, qu’on connaît depuis les années 1970, et même les années 1950. C’est glissé sous le tapis clairement. C’est écrasé par une référence qui s’appelle Bryan Ballantyne qui a dit que ce n’était pas dangereux parce que cela correspondait à deux bouffées de cigarettes. Sauf qu’il parle dans les conditions d’un manifestant qui se prend une grenade et reste dix minutes au contact. Mais ce n’est plus ce qui se passe en France : on est nassé, on reste une journée et on a des grenades directement dans la gueule. Il y en a une qui est sortie le week-end dernier des 16 et 17 novembre 2019. Il y a un gars qui s’est pris une grenade à 10/20 mètres directement en pleine face.

Qu’est-ce que tu as trouvé en particulier ?

Ce n’est pas moi qui l’ai porté en premier. Il y a des gens qui ont commencé à dire qu’il y avait du cyanure, Raquel Garrido notamment de France Insoumise. On l’a tout de suite moquée en disant que c’était du Zyklon B. Dans le Zyklon B oui, il y avait du cyanure. On a eu des analyses sur le thiocyanate qui ont été faites. C’est un dérivé du cyanure. On avait des analyses positives. Je pensais qu’avec la revue scientifique plus les analyses thiocyanate, cela suffisait pour qu’un gouvernement responsable se dise qu’il y a un principe de précaution ; on est en train d’exposer la population à un produit à risques, il faut faire quelque chose. Au contraire !

On a dit « les analyses sur le thiocyanate n’ont aucune valeur, il y a du cyanure à faible dose ». Le seul moyen de montrer qu’il y a du cyanure à haute dose c’est de le mesurer directement. Cela a été dit dans la presse par des toxicologues français. J’ai fait des analyses dans la rue pour vérifier les niveaux de cyanure parce qu’il ne reste que quelques minutes. On ne peut pas le mesurer deux jours après. Donc on a mesuré directement le cyanure avant et après manif. On a montré qu’avant on n’en avait pas et juste après le gazage, on montait à 0,7 mg, ce qui est une dose extrêmement dangereuse.

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